N'oublions jamais
Je n'oublie pas ce qui fut au printemps 2006, une envie incontrôlable de transformer les choses qui m'entouraient alors. Depuis une statue de sable en un château de cartes des plus fragiles. Celle qui m'a poussé à croire qu'il y aurait sûrement un ailleurs qui m'attendrait, à qui je n'aurais besoin de ne rien dire d'autre qu'une parole par le geste; l'agripper de toutes mes forces pour le laisser m'entrainer loin.
Par l'éloignement est venu la construction. Et aujourd'hui je n'éprouve rien d'autre que ce besoin de retourner à l'état embryonnaire pour revivre une fois encore la trame principale. Moyennant quelques ajustements en cours de route. Mais bien trop vite, une page se tourne et tout semble m'échapper inexorablement. Alors je tente de rassembler ce qui m'a ému, ce qui m'a marqué, ce qui m'a mis en colère, pour me sentir enfin vivre. Ça devrait être le cas, à présent que j'ai intégré le plus évident conformisme social auquel j'aspirais il y a quelques mois encore...Mais qui ne me procure finalement qu'un sentiment de vide plus intense encore. Un paradoxe qui m'envahit de plus en plus à mesure que je rassemble des gens, des souvenirs, des paroles, des erreurs et des regrets autour de moi.
Je n'existe pas, j'évacue mon angoisse en la remplaçant par une poignée de moments que je voudrais éternels, les uns suivant directement les autres sans plus aucune interruption. Cette essence à mes côtes que j'aurais envie de brûler plus que de raison mais dont je n'arrive à provoquer qu'une économie ridicule et misérable; de peur de ne plus y voir qu'un trou béant en lieu et place d'une lumière douce et chaude.
Je pensais me libérer mais je creusais de mes propres mains cet inexplicable sentiment d'inachevé. Un besoin constant d'aller voir ailleurs, plus loin, plus vite, comme pour trouver un Eden personnel où je serais accueilli par l'évidence même de me tenir debout au milieu de moi-même.